21
Avant-goût d’un calvaire

— Elle m’a trouvé un mari ! m’exclamai-je, incrédule. Mais…

— Oh, ne t’en fais pas, Naïla, répliqua Marie dans un sourire. C’était davantage une raison pour venir voir mon petit Arthur qu’autre chose…

— Pardonne-moi, Marie, mais je ne vois pas le rapport…, dis-je dans un haussement de sourcils interrogateur.

— Ernestine a fait deux fausses couches jusqu’à maintenant et elle a eu un enfant mort-né. Comme tu le sais, elle est encore enceinte, mais elle craint de ne jamais pouvoir être mère. Elle cherche la moindre occasion pour voir mes enfants, en particulier Arthur. Elle m’a maintes fois demandé de le lui laisser quelques heures, comme elle l’avait fait pour les deux autres d’ailleurs. Elle s’imagine qu’un contact prolongé avec un bébé l’aidera à mettre le sien au monde et à le garder en vie.

Marie éclata de rire devant mon air ébahi.

— Elle se console comme elle peut, Naïla. C’est un peu à cause de ça aussi qu’elle souhaite te voir trouver un homme.

Elle n’aime pas te savoir chez nous. Rappelle-toi qu’elle t’a vue plus d’une fois avec Agnès. Et comme la petite t’affectionne particulièrement…

Je m’étais effectivement trouvé plus d’une affinité avec cette enfant qui ressemblait tant à ma fille disparue. Elle m’accompagnait presque partout, me suivant comme une ombre. Je ne m’en plaignais pas ; cette petite me faisait un bien immense alors que j’avais l’impression d’avoir perdu tous mes repères. Instinctivement, je tournai la tête vers la fenêtre pour voir la fillette qui jouait dans la cour. Soudain songeuse, je n’entendis que la fin de la phrase, mais ce fut suffisant pour m’extraire de mes pensées.

— … été mère ?

— Pardon ?

Marie répéta doucement sa question :

— Je me demandais si tu n’avais pas été mère toi aussi…

Le silence meubla l’espace quelques instants avant qu’elle ne reprenne :

— Je t’ai observée lorsque tu t’occupais d’Arthur, de même que quand tu prends le temps de jouer avec Agnès ou Lionel. Il y a quelque chose qui…

— Oui, j’ai été mère, Marie, l’interrompis-je. Mais j’ai perdu ma fille il y a longtemps.

Même si cela ne faisait même pas deux ans, j’avais la triste impression que la mort d’Alicia remontait à un siècle. Je continuai de fixer Agnès, tout en poursuivant :

— La vie m’a enlevé Alicia puis m’a imposé une nouvelle grossesse que je n’ai pas la moindre envie de rendre à terme… Pas plus que je n’ai envie de trouver un père à ces enfants…

Comment pouvais-je expliquer ma situation à cette femme alors que, même à moi, elle me paraissait totalement irréaliste ? Même si nous avions développé de beaux liens d’amitié, qui nous amenaient même à nous tutoyer depuis peu, je ne voyais pas comment lui raconter mon histoire abracadabrante… Je soupirai, profondément lasse. Des larmes roulaient doucement sur mes joues. Marie n’ajouta rien, troublée par mon aveu soudain…

* *

*

Trois semaines passèrent sans que la charmante voisine revienne. La neige avait fait son apparition de façon brutale, quelques jours plus tôt, en même temps que le vent et le froid polaire. Les accumulations atteignaient déjà plus d’une quarantaine de centimètres. Les jours s’écoulaient maintenant de façon monotone. Nous tricotions à partir de la laine des moutons qu’élevaient Marie et Philippe. Nous cousions aussi, surtout des pantalons et des chemises, de même que nous raccommodions les vêtements de toute la famille. L’âtre brûlait en permanence de grosses bûches de bois franc. Quand je ne jouais pas avec eux, les enfants se disputaient avec entrain pour tuer le temps. Ils ne pouvaient guère s’amuser longtemps à l’extérieur, n’ayant pas les habits d’hiver de mon ancienne vie. Les fenêtres avaient été fermées par des peaux d’animaux, mais les courants d’air étaient nombreux et l’intérieur de la maison, humide. J’avais l’impression d’être transie en permanence. Je passais également beaucoup de temps en tête-à-tête avec Agnès, lui racontant des histoires qui paraissaient inventées de toutes pièces à Marie et Philippe, mais qui s’inspiraient en fait de mon ancienne vie, celle de Brume au vingtième siècle.

Assises à la table, Marie et moi travaillions en silence. Philippe était à l’étable pour nourrir les animaux. On frappa soudain à la porte. Nous sursautâmes ; les gens se visitaient rarement l’hiver, la neige faisant obstacle aux déplacements. Alors que Marie et moi nous regardions, étonnées, on cogna à nouveau, plus fort.

— Marie ? Marie, vous êtes là ? C’est Arnaud, votre voisin. Ernestine va accoucher et la tempête m’empêche de rejoindre madame Hébert, la sage-femme. J’ai envoyé Mathis, mais je ne sais pas si…

Il y avait de la peur et du découragement dans la voix de l’homme derrière le battant. Très vite, Marie se leva pour lui ouvrir. Elle tenta de l’apaiser de son mieux puis se tourna vers moi.

— Je vais avoir besoin d’aide, Naïla…

J’écarquillai les yeux, avant de me reprendre. Marie sortait déjà prévenir Philippe. Restée seule avec Arnaud, je préparai Arthur, puis m’habillai chaudement. Puisque Marie allaitait, nous ne pouvions laisser le bébé ici. Arnaud m’examinait de la tête aux pieds, aussi méfiant qu’à l’habitude. Le silence devint rapidement pesant. Lorsque Marie revint, Arnaud s’empressa de dire :

— Je ne crois pas qu’Ernestine ait envie de voir Naïla dans notre maison ni à ses côtés, surtout dans le cas présent. Il vaudrait mieux que…

Marie le coupa brutalement.

— Nous n’avons guère le temps de nous attarder à ça. Si l’accouchement d’Ernestine ressemble à son dernier, il faut partir immédiatement et toute l’aide disponible sera la bienvenue !

D’une main ferme, elle écarta Arnaud et sortit avec Arthur, s’attendant manifestement à ce que je la suive. Je passai donc devant le mari incertain et pris le chemin de la demeure voisine.

La neige nous arrivait souvent à mi-cuisses alors que le vent avait rassemblé les flocons en longues lames. Un désert blanc avec ses dunes et ses creux. Je n’avais qu’un manteau de mauvaise fourrure et des bottes en peaux de castor pour me protéger du froid et de la neige qui me fouettait rudement. Heureusement qu’Arthur était protégé par de multiples couches de fourrure.

Tout en marchant, je songeais amèrement à ce qui m’attendait au printemps : Même si je m’ingéniais à y penser le moins possible, il me faudrait bien accoucher un jour. Je n’avais vraiment pas envie d’en avoir un aperçu. Dans ma tête, ça ne pouvait qu’être un calvaire…

Nous arrivâmes finalement chez les Bouchard. Pour la première fois depuis notre départ, je regardai en arrière, cherchant Arnaud. Marie, qui perçut mon manège, expliqua :

— Philippe veille sur lui.

— Tu veux dire qu’il n’assistera pas à la naissance de son enfant ? Il ne viendra pas soutenir sa femme dans cette épreuve – parce que je ne doutais pas un instant que c’en fut une, dans cet univers primitif ? répliquai-je sans réfléchir.

Marie me regarda étrangement.

— Les accouchements sont une affaire de femmes, Naïla. Uniquement de femmes. Tu sais bien que les maris ne se présentent qu’après la naissance…

Heureusement, le fait que nous fûmes arrivées me dispensa d’avoir à expliquer mon commentaire. Dans l’unique pièce, il y avait déjà deux autres femmes, soit la mère d’Ernestine, une veuve que je savais vivre avec eux, et une autre voisine, habitant plus loin dans les terres. L’une s’affairait à tisonner le feu – il régnait d’ailleurs une chaleur d’enfer – et l’autre soutenait Ernestine, assise sur un chaudron renversé. Je fronçai les sourcils, mais observai un silence prudent.

Devant mon interrogation muette, l’autre voisine – qui m’informa, avec un air de dédain prononcé, s’appeler Seraphine – me dit que le chaudron chaud servait à réchauffer les organes de la femme en couches, pour faciliter le travail. Devant mon silence persistant, elle me regarda comme si j’étais une pauvre ignorante. Ce qui n’était pas loin de la vérité, compte tenu des circonstances à des années-lumière de ce que j’avais vécu dans une autre vie. J’optai pour un profil bas, préférant ne pas aggraver l’image déjà peu flatteuse que l’on semblait avoir de moi.

Marie, pour sa part, se tenait un peu à l’écart, parlant avec la mère de la parturiente. Je me sentais de trop et j’aurais donné cher pour fuir les lieux. Un cri de douleur m’arracha à mes lamentations intérieures. Ernestine s’était soustraite à l’étreinte de la voisine et marchait de long en large dans la pièce, se plaignant de la douleur qui ne lui laissait plus de repos. Pendant deux bonnes heures, elle arpenta la maison, se rassoyant parfois quelques minutes, pour se relever aussitôt en sueur, jurant qu’elle n’aurait plus jamais d’enfant. Elle invectiva copieusement sa mère, lui reprochant son souhait de la voir mariée et heureuse. « Si tu savais que je souffrirais à ce point, pourquoi avoir voulu que je connaisse l’enfantement ? » Et sa mère de lui répondre que la douleur de l’accouchement était la punition des femmes pour le péché originel, de même que pour le plaisir de la conception, et que les joies de la maternité compenseraient amplement pour ces quelques heures difficiles. Belle explication !

Je me détournai pour lever les yeux au ciel devant la profération de telles bêtises et pensai que je pourrais difficilement faire un jour la paix avec la religion chrétienne si elle s’ingéniait à perpétuer de telles affirmations. Marie marmonna pour sa part que cette scène ressemblait à s’y méprendre à celle qu’avait faite Ernestine à son dernier accouchement. C’est à ce moment que la sage-femme fit son apparition, emportant avec elle une bourrasque de vent glacé qui fut la bienvenue dans cet endroit surchauffé. Mais la fraîcheur de l’air ne fut rien comparativement à celle du regard de la nouvelle venue qui me classa immédiatement parmi les intruses. Il valait mieux que je n’aie pas à accoucher en sa compagnie…

Madeline prit la direction des opérations comme un général mène son armée au combat : sans pitié aucune ! Les heures suivantes furent pénibles, autant pour la future mère que pour celles qui l’encourageaient. Pour Madeline, il n’y avait pas d’accouchement compliqué ou difficile ; il n’y avait, semble-t-il, que des femmes faibles, paresseuses ou stupides. La douleur était un mal nécessaire – c’est le cas de le dire – et la délivrance, un moment que l’on devait supposément mériter. Belle mentalité !

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises, alors que les manières de la sage-femme m’inquiétèrent bientôt. Elle ne cessait de vérifier la dilatation du col de l’utérus avec ses doigts enduits d’une épaisse couche de beurre. Elle ne prenait même pas la peine d’enlever la grosse alliance qu’elle portait à l’annulaire gauche, risquant ainsi de blesser sa patiente, et ne se lavait jamais les mains non plus. Elle croyait probablement que la crasse sous ses ongles trop longs tiendrait en place, masquée par le beurre, pensais-je avec cynisme. Elle avait contraint Ernestine à sauter sur place pendant de longues minutes, disant que le bébé descendrait plus vite, avant de l’obliger à s’asseoir sur une chaise percée pour lui peser sur le ventre, dans un mouvement descendant, encourageant supposément l’enfant à suivre le mouvement. Voyant que les résultats se faisaient toujours attendre, elle fit pousser Ernestine pendant plus de deux heures, espérant que l’enfant se déciderait enfin à se montrer, épuisant ainsi la mère autant que le nouveau-né à venir. J’avais envie de me prendre la tête à deux mains, mais je ne parvenais qu’à ouvrir de grands yeux incrédules. Ce comportement fit dire à Madeline, qui éleva la voix pour être bien certaine d’être comprise :

— Vous ne devriez pas héberger cette femme, Marie. Vous voyez bien qu’elle n’est pas tout à fait saine d’esprit. Un simple accouchement lui fait peur.

« Cet accouchement ferait peur à la plus téméraire des femmes », fulminai-je par-devers moi.

La petite fille fit enfin son apparition à l’aube et n’émit que quelques faibles gargouillis. Il fallut de longues minutes avant que son teint, qui tirait vers le bleu, ne reprenne une teinte plus naturelle et que ses vagissements soient dignes d’un nouveau-né relativement bien-portant. Ce qui donna ensuite lieu à une scène encore plus incongrue que toutes celles auxquelles j’avais assisté depuis la veille.

Madeline s’empara de l’enfant, le mit sur ses genoux et entreprit de le « façonner ». Devant mon air ahuri – encore une fois –, elle me dit avec une exaspération à peine contenue que les bébés naissants ressemblaient beaucoup trop à de petits animaux et qu’il fallait parfaire leur formation pendant qu’ils étaient encore « malléables ». Je dus faire des efforts incroyables pour ne pas lui sauter dessus et lui tordre le cou. Par chance, Marie m’appela pour l’aider et je n’eus pas à regarder cette folle tripoter la pauvre petite qui n’aspirait sûrement qu’à prendre du repos après les heures difficiles qu’elle venait de traverser.

Après que nous ayons aidé l’accouchée à s’allonger – parce que l’on accouchait assise en 1666 –, nous l’avons dissimulée sous une épaisse couche de couvertures et de peaux d’animaux. Je voulus m’objecter en prétextant qu’elle cuirait littéralement, mais la mère me fit savoir que c’était l’usage pour ne pas qu’elle prenne froid et s’enrhume. À bout de nerfs, je rétorquai qu’elle risquait de se sentir encore plus mal et que ça favoriserait la fièvre, si par malheur elle faisait son apparition. La sage-femme, qui écoutait, rétorqua que je n’y connaissais véritablement rien et que je ferais mieux de me taire. Je me retins de répliquer vertement, proposant plutôt, dans ma grande méconnaissance de l’époque, de laver le nouveau-né, question de m’occuper et de m’empêcher de réfléchir aux comportements bizarres qui étaient légion autour de moi. C’est alors que Madeline, de concert avec Ernestine et sa mère, se mirent à me chanter des bêtises et à m’accuser de vouloir tuer l’enfant. Les matières gluantes dont la petite était recouverte ne pouvaient que contribuer à la protéger des maladies et des infections ; les croûtes sur sa tête étaient de l’engrais pour ses cheveux et elles souhaitaient même y voir bientôt évoluer un pou ou deux, espérant qu’ils tireraient les mauvaises humeurs du crâne de l’enfant. C’en était trop ! Je mis mon manteau et sortis prendre l’air, regagnant ensuite la maison de Marie.

Tout au long du chemin, je priai pour que cette enfant et sa mère s’en sauvent malgré le manque de connaissances de celles qui veillaient supposément sur elles. Finalement, je me surpris à prier davantage pour moi-même, espérant que je n’aurais pas à accoucher ici, dans ce monde primitif…

Marie ne rentra que le lendemain, m’annonçant, si besoin était, qu’Ernestine était maintenant fiévreuse et délirait…

 

Le talisman de Maxandre
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